Ils ne m’avaient pas effacé.
Planter ce que je ne verrai peut-être jamais
Le temps a passé.
Paul n’a jamais appelé. Marissa a quitté la ville discrètement. J’ai appris par des voisins que son entreprise d’assurances était en difficulté, que les clients se méfiaient de cet homme qui avait tenté de détourner les fonds de l’association caritative de sa propre mère.
Je n’ai pas fêté ça. Ça ne m’a pas empêché de dormir.
Je me suis donc concentrée sur la base : journées communautaires, ateliers gratuits, permanences juridiques pour apprendre aux femmes âgées à protéger leurs biens et à faire connaître leur histoire. Nous avons rempli les salles communales et les sous-sols d’églises. Un journal local a relayé l’information. Puis un journal régional. Puis un blogue sur les droits des aînés.
Les gens ont commencé à me reconnaître à l’épicerie.
« C’est vous la femme qui a riposté », a déclaré une jeune mère, un tout-petit sur la hanche.
« Je n’ai pas lutté », lui ai-je dit. « J’ai simplement refusé de disparaître. »
Chez moi, j’ai planté trois pommiers le long de ma clôture. Je ne goûterai peut-être jamais leurs fruits, mais les planter m’a donné l’impression de boucler la boucle, la preuve que certaines choses que l’on fait le sont pour les femmes qui viendront après nous.
Un dernier dîner, une dernière ligne
Avant que l’affaire pénale ne soit engagée, Paul m’a envoyé un SMS pour m’inviter à dîner en famille chez lui. « Les enfants te manquent. Repartons à zéro », a-t-il écrit.
Vivien et Grace m’ont assuré que je ne lui devais rien. Mais j’ai accepté d’y aller, non pas pour me réconcilier, mais pour tourner la page.
La maison était restée la même : une jolie couronne, une pelouse impeccablement entretenue, des fenêtres qui autrefois me paraissaient chaleureuses et qui maintenant me donnaient l’impression d’être un décor peint.
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