[Lundi, 6 h 12] Enregistrement vocal 487 :
“Première course en cinq ans. J’ai l’impression de me fuir moi-même. C’est peut-être le cas.”
Mais quinze minutes auparavant…
Ce matin-là, je me tenais devant la table à repasser depuis 5 heures, pressant une énième taie d’oreiller.
En quatre ans de mariage, ma petite salle de bibliothèque (celle où j’écrivais des articles sur les personnes qui m’inspiraient) était empilée de linge de rechange.
J’ai quitté le journal moi-même. Je me souviens encore de la satisfaction de Kevin face à mon choix.
“Avec des mains comme les tiennes ? On a besoin de toi ici plus qu’ailleurs.”
Et j’étais vraiment toujours à la maison.
[Lundi, 7h15] Enregistrement vocal 488 :
“Kevin est parti au travail. Il m’a embrassée sur la joue. Pas de contact visuel. J’ai commandé des légumes grillés, un steak et une tarte au citron pour le dîner. Je dois aller faire les courses. Note à moi-même : acheter de nouveaux lys frais.”
Juste après cet enregistrement, quelque chose en moi s’est brisé. J’en avais tellement marre d’être sollicitée par le four et la serpillière. Et pas par mon mari.
Alors…
Au lieu de sortir les recettes du dîner, j’ai sorti mes vieilles baskets.
Pas de maquillage. Pas de brosse à cheveux.
Juste moi, la rue et l’air glacé du matin.
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