Tous les médecins ont rendu le même verdict : « Il n’y a rien à faire. »
La mère de Luciano était décédée en lui donnant naissance. Accablé de chagrin, Don Sebastián se réfugia dans l’obsession de « réparer » son enfant, sans parvenir à établir le moindre lien avec lui. Le garçon vivait dans un silence absolu, entouré de jouets de luxe intacts et de nourrices qui le traitaient davantage comme un objet de décoration précieux que comme un être humain.
J’ai accepté ce travail un mardi orageux car je n’avais pas le choix : la santé de ma grand-mère déclinait et le prix des médicaments augmentait.
« Ne regardez pas le maître dans les yeux. Ne faites pas de bruit. Et surtout, ne dérangez pas l’enfant », avertit la gouvernante en chef, Doña Gertrudis, raide comme un piquet.
J’ai simplement hoché la tête.
On m’avait confié le nettoyage de l’aile est, là où se trouvait la chambre de Luciano. C’était un endroit spacieux et lumineux… et pourtant étrangement vide.
La première fois que je l’ai vu, il était assis par terre en train d’assembler un énorme puzzle, sans se rendre compte de ma présence.
« Excusez-moi », ai-je murmuré, même si cela n’avait aucune importance.
J’époussetais les étagères tout en l’observant discrètement. C’était un bel enfant – des boucles brunes, des yeux profonds – mais accablé par la tristesse.
Et c’est alors que j’ai remarqué quelque chose d’étrange.
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